Programme Nomades 2019/2020

A la suite du 5ème appel à projet du programme Nomades, deux projets ont été retenus: Zone de timidité de Maria Donata D’Urso et Y aller de L’écumerie. Des périodes de résidence et des présentations sont prévues en 2019/2020 dans les différents lieux du réseau.

Zone de timidité
Maria Donata d’Urso

© Thr34d5 medialab

Zone de timidité Le titre vient du nom que les botanistes ont donné à l’espace vide entre les frondaisons d’arbres de la même espèce. Cette mise à distance correspond à une communication qui s’effectue par signaux invisibles à nos yeux et encore inexplicables.
Le projet aspire à souligner les dynamiques d’échanges et de rencontres nécessaires à toute existence. En particulier à une réflexion plus globale sur l’idée de frontières entre les espèces dans la relation de l’humain avec le milieu* ambiant sans se limiter à séparer les territoires.
Comment écouter et parler au monde végétal et animal, comment interagir avec les processus biologiques à travers l’amplification de nos sens ?  La collaboration avec des spécialistes en biotechnologie, permet pour ce projet de créer et installer des dispositifs dans le milieu végétal et animal pour une interaction. On utilisera la matière vivante pour la construction des objets plastiques composant la scène: les surfaces créées à partir de bactéries et champignons type le Kombucha, les toiles d’araignée comme modèle de construction, le végétal comme ressource.
Les changements climatiques, les urgences sociales et économiques, nous portent à questionner et renouveler nos réflexions et actions. On privilégiera l’utilisation d’objets préexistants ainsi que la construction de nouveaux avec des matériaux récupérés.
Le projet est aussi de s’accorder aux lieux publics et de nature en proposant un autre regard à travers le mouvement dansé en symbiose avec les processus naturels (poussée de champignons, filaments de mycélium, processus endogènes).
Faire vivre les espaces de nature proposés par des installations qui interagissent  avec le paysage.
En m’appuyant sur les tissus conjonctifs et le système des fascias, les qualités de mouvement ainsi que l’image du corps participeront au dialogue plastique entre les formes biologiques. La composition entre structure, corps dansant et matières vivantes, jouera en écho au monde animal et végétal, témoignant de la continuité des êtres vivants.

*Augustin Berque, Le sauvage et l’artifice : Milieux: La relation d’une société à l’espace et à la nature.

Conception et chorégraphie: Maria-Donata D’Urso
Collaboration design biotechnique: Thr3d54 medialab
Artistes chorégraphiques: Maria-Donata D’Urso, Annabelle Pirlot
Musique: Alexandre Zekke
Lumière: Giuseppe Frigeni
Régie générale: Ludovic Rivière
Chargé de production: Marco Villari

Maria Donata D’Urso, directrice artistique, chorégraphe, danseuse, interprète.
Née à Catania, étudie l’architecture, la danse contemporaine et l’énergétique chinoise à Rome, New York  et Paris. Depuis 1988 elle vit à Paris et travaille entre autres avec Marco Berrettini, Christian Rizzo, Hubert Colas, Paco Decina, Jean Gaudin, Francesca Lattuada, Arnold Pasquier, Wolf Ka. En 1999, elle crée Pezzo 0, installation en plein air, inspiré de la rencontre avec Laurent Goldring.
En 2004, elle constitue la structure, DisOrienta, pour y développer ses projets personnels : des soli épurés, minimaux, où sont interrogées et réinventées les composantes spatiales habituelles. Son attention se porte sur les lieux limites, absence/présence, dedans/dehors et les surfaces ambiguës, celles de la peau, celles effleurées par le regard. Elle amorce alors un projet poétique et composite, qu’elle nomme le Triptyque de la peau. Après Pezzo 0 (due) suivront Collection particulière et sa table translucide, Lapsus est sa scénographie circulaire. Dans Mem_brain, Strata, Strata.2 elle explore l’architecture interne du corps en dialogue avec des constructions non hiérarchisées et mobiles inspirées du modèle biologique. Sa dernière création e|ma prolonge ce cheminement énigmatique dans le monde des corps.
Les créations de DisOrienta réinventent l’espace de la performance, chaque spectacle est aussi une installation plastique indissociable de l’écriture chorégraphique. Au cœur de la démarche est le corps conscient, poétique et plastique à l’instar d’un paysage vivant, entre corps objet du regard et corps intime du sujet, mystérieux et émouvant. Pour ce projet spécifique la confrontation avec le milieu naturel est l’occasion d’actualiser le dialogue entre paysage du corps et corps du paysage.
Maria Donata D’Urso est lauréate à la Villa Kujoyama, Kyoto, Japon en 2012.

Thr34d5 medialab
Le design contemporain se concentre sur la manière de vivre dans des sociétés multigénérationnelles, multiculturelles et multi-attitudinales. Pas seulement en fonction de l’âge, de la race ou du sexe, mais en fonction de la vitesse, des intérêts, des points de vue. Comment le design peut-il soutenir l’expression d’une société à plusieurs niveaux? Comment peut-il faciliter l’inclusion en créant de nouveaux liens, espaces et choses?
thr34d5 propose une pratique de conception axée sur la communauté qui vise à fournir des ressources communes pertinentes et évolutives évaluant la résilience sociale. En mobilisant les échelles locales et mondiales auxquelles un agent est soumis, l’objectif est de le conduire à devenir un citoyen attentionné, un agent du changement durable pour sa communauté.
thr34d5 est une ONG ayant pour objectif de favoriser une inclusion radicale, pleinement engagée dans l’autodétermination et l’autonomisation par le biais de l’artisanat et de l’open source. Leurs compétences se situent dans les domaines de l’informatique Design et Performative-Design, Génie Industriel, Structurel Ingénierie, Fabrication numérique avancée et robotique, Architecture, Urbanisme et design participatifs, Génie côtier, Créatif Direction et Curation, Enseignement supérieur et cours intensifs, en conception stratégique et en expansion.

 

Y aller
L’écumerie

©Michel_Wiart
Plus nous avançons dans l’Anthropocène, plus nous mettons à mal notre lien au paysage, usant énergies et écosystèmes, phagocytant jusqu’aux moindres recoins de la Terre, leur attribuant limites et usages univoques.
Conserver, gérer, protéger, jouir d’un côté et bâtir, cultiver, exploiter de l’autre. L’homme use du paysage. Ce mode de pensée réduit fortement les possibilités d’action offertes par le milieu et donc nos capacités à sortir des sentiers battus. Aujourd’hui, comment se construit la relation de notre corps à notre environnement quand la « nature » est mise à distance, quand le territoire est morcelé, assujetti à un rapport utilitaire ?
L’enjeu est d’explorer un rapport à la nature non normé, non idéalisé, non utilitaire. Il s’agit d’interroger l’expérience corporelle que nous avons de la nature et de mettre en place les conditions d’une expérience.
Nous imaginons une aventure sensorielle à vivre, une pratique active, qui prendra appui tant sur les lieux traversés que sur la relation qui s’engage avec les autres corps présents dans l’espace.
Nous voulons inviter le spectateur a une découverte kinesthésique subtile et amplifiée d’un paysage selon un cheminement libre avec pour seul guide, ses sensations. Être là, seul, disponible. Ressentir plus fort pour éprouver le lieu.

Auteur.e.s et interprètes : Marie Delaite, Capucine Dufour, David Sire
Regard extérieur: Michel Schweizer.
Un groupe de danseurs amateurs, habitants du territoire participera a la création

Coproduction:  Nos lieux communs dans le cadre du programme Nomades, CNAREP Le Citron jaune, CNAREP La Paperie.
Ce spectacle a bénéficié du soutien de l’association Beaumarchais-SACD. L’écumerie est accompagné par la Fabrique de la Danse dans le cadre du programme « Les femmes sont là ».

L’écumerie est une compagnie de création en espace public créée en 2014. A l’origine : deux architectes-paysagistes et artistes, Capucine Dufour et Marie Delaite, mues par un désir commun de raconter le rapport de l’homme au paysage. Elles produisent des créations artistiques contextuelles, au service des territoires et des habitants, activatrices de lien social autant que d’imaginaire, d’émotion et de sens. Autour d’un premier projet, Estrans, elles s’attachent à développer les outils d’exploration et d’infusion dans un territoire, afin d’en retranscrire artistiquement les enjeux. Avec le CNAREP la Paperie, elles éprouvent leur présence à long terme dans le territoire du Pays d’Ancenis, travaillant notamment depuis 2 ans autour du paysage à hauteur d’enfant, à travers deux créations : Le guide d’exploration du Pays d’Ancenis et la Mission Balises.
Leur recherche artistique interroge la place du corps / du son / du texte dans le paysage. Ainsi, de manière transversale, elles explorent la danse, l’écoute, la cartographie et la poésie pour restituer ce qu’un territoire leur offre. Elles s’appuient sur une pratique de danse contemporaine, d’improvisation, de performance, somatique, du documentaire sonore, d’entretiens ethnographiques, du dessin, du flamenco. Elles continuent de se former, l’une aux Beaux-Arts de Lorient et l’autre en master de recherche en danse à Paris 8.
Elles amorcent actuellement le projet de recherche Tropismes, ouvrant le premier chapitre : Y aller, exploration sensorielle des paysages de prairies et de forêts.