Programme Nomades 2018/2019

A la suite du 4ème appel à projet du programme Nomades, deux projets ont été retenus: Conversation excentrique avec l’environnement de Marzena Krzeminska et WAVING de INUI_Laurie Peschier-Pimont & Lauriane Houbey. Des périodes de résidence et des présentations ont eu lieu en 2018 dans plusieurs lieux partenaires de Nos Lieux Communs.

Conversation excentrique avec l’environnement
Marzena Krzeminska

GÉNÈSE
Un jour, Dieu regarda le monde et fut contrarié : Et voilà où nous en sommes, Darwin m’a volé ma création. Les autres m’ont donné plusieurs prénoms. Nietzsche m’a tué. D’ailleurs, je le remercie car maintenant les homme sont seuls et portent eux-mêmes la responsabilité du monde. Je voulais mourir et partir en paix. Seulement voilà, j’étais sur le point de partir lorsque j’entendis la planète Terre pleurer et gémir, se plaignant du manque de sensibilité de ses habitants. Moi, Dieu, je ne pus rien faire. De désespoir, je frappais ma jambe au sol. Au contact, la terre trembla et une fissure s’ouvrit. Trois personnages hypersensibles en naquirent.
Dans ce projet, Marzena souhaite créer, par l’hypersensibilité de trois personnages excentriques, une conversation avec l’environnement. L’enjeu primordial du projet est de réinvestir de manière excentrique la question de la sensibilité, des sens. Les sensations peuvent être vécues comme des cataclysmes : toucher le tronc d’un arbre, être ébahi par la chute d’une feuille, mettre un bout de terre sur la pointe de la langue. Une personne qui voit la mer la première fois de sa vie. Une star qui touche une bouse de vache pour la première fois. Les enfants, les fous, les chamans, les animaux ont “cette sensibilité primitive” à la nature que les adultes perdent au gré de leurs vies.
Les trois personnages sont équipés d’une sensibilité plus haute que la moyenne, pouvant être parfois vécue avec difficulté. Ils perçoivent de manière exagérée et extrême les choses qui les entourent. Cela rend leurs réactions à l’environnement complètement différentes des normes socialement établies. Chaque sensation est un événement, un cataclysme, “une première fois”. Le public est témoin de ces cataclysmes et obtient une vision renouvelée de l’endroit dans lequel il se trouve. Les personnages permettent de sentir le lieu, de comprendre le paysage de manière différente.

Concept: Marzena Krzeminska
Interprétation: Marzena Krzeminska, Simon Tanguy et Benoît Armange
Regard extérieur: Vera Mantero
Production et diffusion: Marion Cachan

Marzena KRZEMINSKA (PL, 1982) chorégraphe et danseuse, diplômée de la SNDO (School for New Dance Development) d’Amsterdam et de la Theatre Academy de Varsovie.
Marzena Krzeminska est installée en Bretagne depuis plusieurs années. Elle enseigne au Musée de la Danse – CCNRB et participe à leurs différents projets, tels que Fous de Danse ou Permanence. Elle a pu y interpréter Kiss, une performance chorégraphiée par Tino Sehgal.
Elle a présenté son projet de solo-laboratoire Too Beautiful en mars 2017 dans le cadre du Festival 360 degrés à La Passerelle, Scène Nationale de Saint-Brieuc.
Marzena Krzeminska a travaillé comme interprète pour plusieurs chorégraphes, tels que Deborah Hay, Benoit Lachambre, Rob List ainsi qu’en tant qu’assistante chorégraphe pour Maria Hassabi à New York et Jeanine Durning à Amsterdam.
Elle collabore avec le chorégraphe Simon Tanguy. Danseuse dans la pièce People in a Field, elle a aussi travaillé comme dramaturge sur la pièce Championnat qu’il a créé avec des artistes de cirque, ainsi que comme regard extérieur sur Digging, avec le collectif britannique NORA et sur sa dernière création I Wish I Could Speak in Technicolor. En 2017 ils co-signent « Cabaret précaire », une pièce pour la « Boîte noire » d’Elisa Le Merrer, créé en résidence scolaire dans le collège de Plouagat (22).
En plus de Conversation excentrique avec l’environnement, elle travaille actuellement à une nouvelle création : Nature & Queer – un nouvel opéra pour Dido prolongement de la recherche de son premier solo 5-7-5 Haiku, créé dans le cadre du programme Solo Projet à Poznan en 2012.

Conversation excentrique avec l’environnement, résidence à 2D2H © Propagande C

Waving – une danse chorale océanique
INUI_Laurie Peschier-Pimont & Lauriane Houbey

Waving est une création chorégraphique participative qui rassemble au plateau une équipe de 6 danseuses professionnelles et un groupe de 50 à 100 danseurs amateurs pour former un choeur en mouvement et déclancher des vagues chorégraphiques et sonores.
Danse chorale de masse, Waving puise ses ressources dans un imaginaire océanique, à la fois sensible et impétueux, pour faire émerger du maysage, paysage en mouvement dans l’espace du théâtre. La vague est le motif orchestrant toutes les variations du mouvement et toutes les compositions vocales. Sa dynamique invite à un dialogue sensible entre les deux assemblées qui se font face : danseurs et spectateurs, tels océan et rivage.
En formant de grandes vagues humaines propices au soulèvement des imaginaires et des corps, avec l’apparition fugace de figures de surfeurs, Waving questionne la danse en choeur comme une forme politique de la joie.

Chorégraphie : INUI_Laurie Peschier-Pimont & Lauriane Houbey
Regard extérieur : Julie Nioche
Interprètes et collaborateurs : Laurie Peschier-Pimont & Lauriane Houbey avec Lucie Collardeau, Camille Lorrain, Aurélie Mazzéo, Alexandre Bibia et un groupe de danseurs amateurs de 50 à 100 personnes.
Costumes : Baptiste Pichaud

Accueil en résidence : SEPT CENT QUATRE VINGT TROIS à Nantes, Collectif Danse Rennes Métropole à Rennes (DOG), Les Fabriques –Ville de Nantes, le TU-Nantes, Le Cargo – Théâtre de Segré, La Zouze / Dans les Parages – Marseille, CDCN Le Pacifique – Grenoble.
Soutiens financiers confirmés : Dispositif de soutien à l’émergence 2016 de la Ville de Nantes, Aide à la maquette de création de la Région Pays de la Loire, LA* Danse en Fabriques, réseau «Danse Grand Ouest», CCNN dans le cadre de l’Accueil studio.
Co-production : TU-Nantes & festival Flash Danse pour la maquette, pour la création TU-Nantes & Festival Trajectoires, CCN de Nantes, Le Cargo à Segré, pour Waving in-situ #1 Primavera & Musée des Arts de Nantes.

INUI _ Laurie Peschier-Pimont & Lauriane Houbey
Lauriane Houbey vit à Marseille, elle est chorégraphe, performeuse et artiste sonore. Laurie Peschier-Pimont est danseuse, chorégraphe, pédagogue, et elle vit à Nantes. Ensemble, elles forment le duo chorégraphique INUI.
C’est avec la création de Matrice en 2012 que débute leur collaboration artistique. Cette pièce chorégraphique et paysagère aborde les conditions d’émergence d’un geste collectif, jouant de l’articulation entre l’individu, le groupe et son contexte. Depuis, leur démarche artistique cultive des attentions environnementales, et déplie en pratiques et en performances la notion de maysage – le paysage en mouvement.
À l’orée d’intimes paysages aquatiques, elles initient la création WAVING une danse chorale océanique, choeur en mouvement composé pour un large rassemblement de danseurs amateurs et professionnels. Elles ouvrent simultanément le chantier childhood manifesto, performance in-situ jouée en duo pour des plages et bords de mer. À l’occasion du festival Marcher Camper Flotter à Nantes, elles présentent une première édition outdoor de l’École d’Art Sauvage, école performative et participative pour mettre à l’étude la notion de maysage. Elles inaugurent actuellement le projet chorégraphique ÉCHO comme exploration de la relation frontale en empathie kinesthésique avec le spectateur.
Ces objets chorégraphiques engagent une recherche pratique sur le corps sensible et l’imaginaire, en s’appuyant sur un ensemble de techniques somatiques, d’outils perceptifs, de pratiques cartographiques, pour tenter des sculptures de l’attention.
Elles développent également une approche pédagogique des arts chorégraphiques en écoles supérieures d’art, où elles questionnent nos pratiques artistiques avec les outils de la danse et de la performance. Dans ces contextes pédagogiques elles développent des projets singuliers et transversaux.
Lauriane Houbey et Laurie Peschier-Pimont s’associent à une myriade de projets menés par d’autres artistes, et dernièrement auprès du plasticien Nicolas Floc’h pour Surfer un arbre, dont la première exposition collective est inaugurée à Passerelle – Brest et rassemble une communauté d’artistes surfeurs.

© Pascale Cholette